Jamais on n’avait vu déglinguer la planète
D’un si stupide entrain, de si sotte candeur ;
Le soleil écopait, sans pipe ni canette,
L’eau des étangs, des lacs d’une terrible ardeur ;
Il buvait les glaciers, écornait les banquises,
Suscitait des déserts allumant cent brasiers,
Calcinant les maisons, consumant les halliers,
Noyant les lagons bleus des lointaines Marquises…
Et l’eau des mers montait, rabotant les granits,
Délitant les falaises engloutissant les nids ;
Et les forêts flambaient en d’ardentes marées
Où grésillait la chair des bêtes effarées.
Dieu, qui du haut du ciel, regardait tout cela
Requit la création d’y mettre le holà.
Des oiseaux, des poissons, de chaque mammifère,
Un témoin délégué vint présenter l’affaire.
On vit, sous le fléau de balance divine,
Défiler le lion, la souris, l’éléphant…
Chacun plaidant sa foi, en débat se défend
D’avoir sous le manteau commis le moindre crime.
« Ah, mettez-vous d’accord », trancha le Créateur,
« Il est bien un coupable, un grand perturbateur,
Un trublion fatal à cette ignominie
D’avoir tant dérangé la céleste harmonie ? »
Alors, d’un seul élan, d’un souffle spontané :
« C’est l’homme, c’est l’humain, qui doit être damné ! »
Dirent d’un chœur commun toutes les créatures.
« C’est lui notre oppresseur, c’est lui dont les ordures
Asphyxient la mer, polluent les ruisseaux,
C’est lui l’empoisonneur décimant les oiseaux,
C’est lui dont les vapeurs altérant les nuées
Font disloquer les glaces et monter les marées ! »
Du coup, tomba soudain sur l’Homme abasourdi
(Que n’avait point quitté l’espoir du paradis),
La condamnation d’« omnicide » et d’outrage
Envers frères vivant sur un monde en partage.
« Omnicide, oh que non » siffle d’une poussière
La minuscule voix d’une invisible sphère,
« Moi, c’est grâce aux humains, leurs coutumes, leurs us
Que croît et multiplie mon corona virus ! »
Bravo Michel !
Une fable magistrale. Vives félicitations Michel.