Ce sera un avril comme il n’y en a jamais eu. Gravons-le, humains de 2020, car jamais l’histoire des hommes n’a connu un tel péril, menaçant l’ensemble de la communauté humaine. Aucune guerre mondiale, aucun cataclysme n’a jusqu’ici attaqué conjointement toutes les nations du globe.
Chaque état y répond selon sa philosophie et ses moyens. Il y a des générosités et des dévouements sublimes, il y a des replis sur soi, des spéculations indignes. L’homme se calme, la planète reprend des couleurs. Faut-il un tel tribut pour que le genre humain comprenne la solidarité universelle ?
Bergame, martyre, n’en finit pas de compter ses cercueils, masques et bergamasques refluent confus dans les limbes de l’histoire. Vérone, sous quels balcons, sur quels bancs peuvent aujourd’hui s’étreindre tes nouvelles Juliette et tes nouveaux Roméo ? Et Brescello, est-ce à jamais que tes cloches ont quitté le petit monde de Don Camillo pour secouer des branles hideux ?
Et toi Venise, sérénissime encore ? Sous quels masques funèbres et blêmes se cachent à présent tes intrigues éternelles ?
Que n’ai-je la plume – et la force – de Boccace, illustre reclus de la pandémie 1348 qui mit à profit son confinement pour écrire les dix jours du Décaméron ! Dix jours de contes aimables et gaillards quand autour de lui la mort empeste et fauche !
Je n’ai que la plume que vient de laisser choir la pie picorant les bourgeons de mon bouleau.
Elle est belle tout de même, elle fera son effet dans un vase, jointe aux fleurs roses du groseillier.
Mais votre plume est magnifique cher Michel! Merci!