Lumière éteinte Noir profond J’ai peur….
Vous arrivez Errez Dansez Agitez vos tentacules au-dessus de mon visage.
Mes yeux sont clos
Je vois les vôtres
J’ai peur…
Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Qui cherchez-vous ?
J’ai peur… Peur des géants !
Je me lève, j’allume, vous fuyez. Finie l’errance…
AH… si j’avais mangé mes ancêtres !
Bernadette, d’après « Errance crépusculaire » de C. Miguel
Où es-tu ?
Je suis dans ton rêve, dans cette part d’indicible où rien ne s’achève.
Je suis dans l’autre scène, dans le suc de ton silence, les sept mains de la nuit.
Assis sur le soleil mon œil immense sonde tes errances crépusculaires.
Je suis à jamais ta clarté et ton ombre, ton errance la plus noire et ton âge d’or.
Siska, d’après des titres d’œuvres de C. Miguel
Confidences à Cécile Miguel
Le temps s’efface. Le temps n’existe pas.
Comme toi, j’avance dans la nuit.
Des êtres – ou est-ce des extra-êtres – s’avancent dans une danse décousue. Les as-tu rejoints ?
Je me mêle à la folle farandole.
Partout, de grands yeux, des corps allongés. Et le noir, encore et toujours.
As-tu vécu cette solitude parmi les vivants ? Tant d’ombres, des explosions de joie, d’émotion, de colère retenue donnent vie à un formidable chaos.
Je me plonge dans ton monde. Je devine ta douleur, ton errance.
Elles sont parfois miennes. Parfois.
Je suis tes pas et j’entre soudain dans la lumière.
La vie explose. Jaillissement de couleurs.
Nos chemins se séparent. Je te laisse à ton errance, à tes démons. Je préfère l’harmonie intemporelle. Je sais qui tu recherches. Mais plus jamais et tu le sais. Cela est ta force, ton génie.
Bernard, d’après des oeuvres et des titres d’œuvres de C. Miguel
D’abord il y a la tête. La tête ? Non, pas la tête, les yeux la mangent tout entière.
Les bras voudraient étreindre… Quoi ? Le vide ?
Quels bras ?
Le corps fantomatique, longues jambes désarticulées,
Le noir du corps.
Les bras, les autres bras, immenses, squelettiques…
Le corps errant dans le vide chaotique.
Les yeux sont partout, obsessionnels, inquiets.
A qui sont ces yeux rouges qui flottent
autour de ce long cou ?
Est-ce moi qu’ils fixent obstinément ? Ils me transpercent…
Au secours ! Sauvez mon âme en désordre*…
*Merci Paul.
Mady, d’après « Errance »
C’est l’apéro Bar sympa Quatre personnes Et nous deux. Une petite table Un plat de chips Je pioche Je croque Ils « craquent ».
J’entends encore « crrriiic, crrriiic » ! Mais pourquoi ont-ils servi les doigts de Mathis ? Semblables à de petits os de grenouilles.
Ils repousseront…Ah bon ? Comme les cheveux ? Foutaise ! Quel plaisir de croquer les doigts de son petit-fils ! Il est là, avec moi, que c’est bon !
Regards de reproches, regards assassins. Je comprends l’horreur !
« Tu ne peux pas ! » J’attrape le plat, l’explose violemment sur le sol.
Le verre à côté de moi subit le même sort…. et me réveille !
Bernadette, Raconter un rêve
Au bout de son museau légèrement levé, un chat promène une aiguille à la verticale. « Moi, je suis le chat de l’aiguille », ricane le chat. « Moi, je suis l’aiguille du chat », répond l’aiguille. » Qu’est-ce qu’une aiguille sans chas ? » murmure le chas qui, en se détachant de l’aiguille, se perd dans les poils du chat.
« A quoi joues-tu ? » demande le chat. « A chat perché » répond le chas de l’aiguille. « Me voilà creuse, répond celle-ci. Que suis-je sans chas ? » Et voilà le chat qui danse un chachacha sur ses pattes de velours. « Cha alors » s’écrient les deux autres. « Peuh ! dit le chas, ce ne sont pas là des pas d’entrechat ». L’aiguille tousse et pique le chat. « Excuse-moi, j’ai un chat dans la gorge ». « C’est assez. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Chacun reprend sa place ! » dit le Shah de Perse qui passait par là. « Chalut tout le monde » !
Bernard, prolonger le texte de Cécile Miguel
« A côté de chacun des arbres du parc, un être, en bleu, se tient immobile. »
J’interpelle le premier « Que fais-tu là ? »
– Je fais le guet, tu ne vois pas ?
– Et les autres ? – Pareil.
– Vous allez faire le guet longtemps ?
– Le temps qu’il faudra.
– Qu’il faudra pour quoi ?
– Arrête avec tes questions, est-ce que je t’en pose moi ?
Je fais mon boulot de gardien d’arbre.
Nous faisons tous notre boulot de gardien d’arbre.
Sauvez les arbres, c’est notre mission. C’est ainsi que nous vous sauverons, vous les humains. Vous en avez bien besoin, non ? »
L’arbre alors prend la parole – car, vous l’avez compris, c’est un arbre à paroles : « N’écoute pas les humains, mon ami, bientôt ils n’auront plus rien à dire,
quand la terre les aura noyés, asphyxiés, brûlés ».
Et tous les arbres en chœur : « Noyés, asphyxiés, brûlés ! »
Et les schtroumpfs se mettent à rire à gorge déployée.
Je me suis réveillée, en nage, je me suis précipitée vers la fenêtre.
Le grand mélèze était toujours là…
Mady, raconter un rêve, prolonger le texte de Cécile Miguel
Dis-moi, Cécile, où sont donc tes ancêtres ?
Est-ce à eux que tu prêtes des yeux immenses, une bouche torturée, des bras vides, une démarche tremblante ?
Raconte-moi, Cécile, ces couleurs épaisses puis ces dessins dépouillés,
raconte-moi les jours gris succédant aux journées flamboyantes.
Si tu le veux, dis-moi pourquoi tu as choisi la discrétion d’un atelier alors que ton talent sautait aux yeux des meilleurs de tes pairs.
Ami qui me découvre, tout est là sous tes yeux.
Regarde ! Fais silence ! Ecoute ce que ressent ton âme.
Marcelle, lettre à l’artiste
A l’orée de l’âge d’or, Cécile, là où l’œil immense
défie l’errance crépusculaire,
tu mets nos âmes en désordre
avant de pouvoir découvrir avec étonnement
notre jardin intérieur.
Marcelle, à partir des titres des livres et tableaux de Cécile Miguel
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