Merci, Monet !
Me voici fleur immortelle : beauté inoubliable, couleurs délicates, parfum subtil. Ma vie dans cette eau profonde, si bleue, si verte, tu l’as figée dans un instant d’éternité. Mais moi, je veux vivre !
Laisse-moi voyager… Cette eau, si douce, m’amènera à la Seine !
Je me vois, prise par son courant, résister aux tourbillons, me reposer entre les roseaux.
N’aie pas peur, Monet, j’éviterai les filets et toutes ces barques avec des demoiselles qui essayeront de m’attraper.
Je causerai avec des libellules. Je m’accrocherai au dos d’un gros poisson pour faire la route tranquillement et regarder le pays : la campagne, les forêts, les animaux, les hommes, les villes. J’apprendrai ce que c’est la vie …
Et puis la mer, de gentilles petites vaguelettes, bavardes et très gaies. Elles m’inviteront à papoter ensemble. Les écumes, elles, se hâteront de couronner mes pétales de jolis cristaux de sel.
Me voilà « Reine » ! Reine d’un jour…
Car la nuit, infiniment lasse, mais comblée, je me glisserai dans les profondeurs de cette eau si douce et amère, si limpide et noire.
Ses courants me berceront tendrement : « Bienvenue chez nous. » Puis ils m’entraîneront dans une danse folle jusqu’à l’épuisement.
Alors, heureuse, au comble du bonheur, je m’engloutirai tout doucement dans ce tourbillon mortel et éternel.
Oh, que la vie est belle !
Carola Witte, Spa le 21.11.18.
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