Elle est là !
Je le sens Je le sais
Son âme légère a glissé jusqu’à la cuisine
Elle est là Il y a des coquilles d’œufs sur la table
L’odeur de pommes à la cannelle flotte dans l’air
Sa voix claire dit : Où étais-tu ?
Je soupire : Au jardin Je plantais des oignons de tulipes
Les hirondelles s’apprêtent à nous quitter…
Elle rit : elles ne manqueront pas le printemps vas
Je fais un pas vers elle Elle est partie
Son tablier à carreaux est sur une chaise !
Une autre fois je sors par la porte de la cour
Le vieux tilleul est en gloire Il n’en finit pas de nous réjouir
Elle est installée sur le petit banc !
Elle brode paisiblement des points de plumetis sur une percale rose
Elle me regarde d’un air heureux Que fais-tu, Orma ?
J’écris un poème pour ma petite- fille
Je voudrais des mots pleins de lumière
Regarde donc le ciel dit-elle.
Je lève les yeux Le ciel d’été se teint d’or et de pourpre
Elle a disparu !
Il ne reste qu’un écheveau de soie blanche sur le sol

Je rentre de promenade
C’est un beau jour de février avec un ciel bleu
Et un vent aigu qui joue dans les collines
Le rideau de la fenêtre se soulève furtivement
Elle est là ! Elle m’attend
Il y a des perce-neige dans un verre bleu
Elle pose sa petite main sur ma joue
Tu pleures demande-t-elle tendrement
Maman… mes textes… regarde
J’ouvre mon manteau
Je lui montre le livre blotti contre mon cœur
Elle n’est pas étonnée Elle sourit
Je le savais dit-elle Je te connais si bien
Et déjà elle est loin légère
Comme une feuille que le vent emporte Ma mère ! Maman !
Ma couronne de roses et d’épines
Sait-elle seulement qu’elle est morte il y a longtemps ?
Siska Moffarts, dit par Daphné Cornez « L’été des Auteurs », Annie Rak RTBF 2002
Nous sommes le 13 mai 2018. Tu as 108, j’en ai 75. Heureuse fête des mères, Maman chérie !
Superbe, Siska, quelle merveille !
Hommage émouvant à ta maman!
Quel bonheur de savoir en parler d’une aussi jolie façon.